18. ENCYCLOPÉDIE : MILET
De Milet, cité ionienne d’Asie mineure, partit le premier mouvement scientifique avec dans ses rangs Thalès, Anaximandre et Anaximène. Ils avaient en commun de s’opposer à l’ancienne cosmogonie d’Hésiode qui prônait un monde créé par des dieux à figure humaine. Leur sens du sacré les incita à rejeter cet anthropomorphisme pour aller chercher plutôt le principe divin dans la nature. Pour Thalès, Dieu est eau, pour Anaximène, il est air, et pour Anaximandre, il est l’indéfini. Pour un quatrième, Démocrite, né au milieu du Ve siècle av. J.-C., l’univers est rempli d’atomes, et les chocs fortuits entre ces atomes au hasard de leurs courses auraient créé les mondes et l’homme.
Plus tard, plus à l’ouest, à Athènes, Socrate et son disciple Platon, formés par les scientifiques de Milet, ont été à l’origine de la philosophie grecque. Pour mieux faire prendre conscience du monde dans lequel évoluait l’homme, Socrate utilisa l’allégorie de la caverne. Selon lui, l’homme commun est semblable au prisonnier d’une grotte, enchaîné à sa condition misérable et au visage perpétuellement tourné vers le fond. Il voit défiler sur la paroi les ombres d’objets promenés dans son dos à la lueur d’un feu et s’imagine que c’est là le réel. Pourtant, il ne s’agit que d’illusions. Si on libère ce prisonnier et le contraint à se retourner, à voir les objets qui dessinent ces silhouettes et le feu qui les anime d’un semblant de mouvement, il sera effrayé. Si ensuite on l’entraîne jusqu’à l’entrée de la caverne pour qu’il voie la vraie lumière, il souffrira et en sera ébloui. Et pourtant, s’il poursuit son chemin, il parviendra à regarder en face ce soleil, source bien réelle de toutes les lumières.
Pour Socrate, ce prisonnier, c’est le philosophe. Et lorsqu’il retournera dans la caverne, aucun de ceux qui s’y trouvent ne voudra le croire, et le pire des sorts l’attendra de la part de ceux qu’il souhaitait délivrer du mensonge et des illusions.
Accusé d’impiété et de corrompre la jeunesse, Socrate, en 399 av. J.-C., fut condamné à ingurgiter la ciguë, un poison violent.
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome V.